Le psychotraumatisme

Le traumatisme psychique, appelé aussi psychotraumatisme ou état de stress post-traumatique, naît d’une blessure émotionnelle qui apparaît après un évènement traumatisant.

Les évènements traumatisants vécus par nos patients prennent des formes diverses et variées : torture politique, violences conjugales, mutilations sexuelles, mariages forcés, conflits armés, violences familiales, persécutions religieuses… Il s’agit d’un évènement brutal et grave qui a menacé leur intégrité ou celle de leurs proches.

Comprendre le psychotraumatisme

Cet évènement provoque dans l’immédiat l’activation d’une zone du cerveau appelée amygdale qui déclenche alors une réaction de stress intense. Ceci se traduit par une réaction comportementale (fuite, lutte ou immobilisation), une réaction neurovégétative (accélération du rythme cardiaque, hyperventilation, transpiration, tremblements…) et une réaction hormonale (sécrétion de cortisol). Ces réactions physiologiques permettent de préparer l’organisme à se défendre.

Habituellement, en cas de stress, le cortex arrive à analyser la situation, à réagir si besoin et à réguler ces réactions de stress, une fois le danger passé. Il intègre l’évènement en expérience, qui lui permettra par la suite d’appréhender une situation similaire et de s’en protéger.

En cas d’évènement traumatisant, le cortex n’est plus capable de comprendre l’évènement vécu ni de lui donner un sens. On parle alors de sidération psychique. L’évènement reste bloqué au niveau de la mémoire émotionnelle et n’est pas transformé en mémoire explicite ni en expérience.

Non régulée par le cortex, la réaction physiologique de stress s’intensifie et entraîne un risque vital par atteinte cardiaque et neurologique. Pour se protéger, l’organisme déclenche alors une disjonction du circuit émotionnel qu’on appelle aussi dissociation. Cette dissociation entraîne une anesthésie physique et psychique qui explique que certaines victimes n’aient pas ressenti de douleurs ou ne se souviennent pas d’une partie de l’évènement.

Quelle symptomatologie ?

Le souvenir de cet évènement reste bloqué au niveau de la mémoire émotionnelle et déclenche des symptômes intrusifs ou reviviscences telles que des souvenirs obsédants du traumatisme, des cauchemars, des flash-backs ou des hallucinations, qui sont toujours vécus avec forte angoisse et détresse.

Ces reviviscences provoquent un état de stress et de contrôle permanent qu’on appelle hyperactivation neurovégétative et qui se traduit par des douleurs chroniques, des insomnies, de l’irritabilité et des sursauts, des difficultés de concentration ainsi qu’une méfiance vis-à-vis des autres.

Sa souffrance est telle que la personne traumatisée va mettre en place, consciemment ou non, des stratégies pour éviter de se confronter à tout ce qui leur rappelle ces souvenirs : évitement des pensées, des sentiments, des endroits, des personnes, des activités, etc. susceptibles de rappeler l’évènement vécu. L’évitement peut parfois prendre des formes plus sévères telle une perte du tonus musculaire ou de la confusion.

INTRUSIONS

Souvenirs envahissants
Cauchemars
Flashbacks

HYPERVIGILANCE

Nervosité, irritabilité
Insomnies
Difficultés de concentration
Réactions de sursaut

ÉVITEMENT

… des pensées,
… des situations,
… des personnes,
… qui rappellent le traumatisme

Le phénomène de dissociation

Quand malgré les conduites de contrôle et d’évitement la mémoire traumatique se déclenche, elle réentraîne la même détresse et le même état de stress que lors du traumatisme. Le risque vital est alors important et nécessite de répéter la disjonction émotionnelle, ce sont les épisodes dissociatifs.

Soit cette disjonction se fait spontanément, l’état de conscience de la personne est modifié et elle semble « être ailleurs », soit cette disjonction n’arrive pas à se faire et la victime doit déclencher elle-même cette disjonction. Ceci peut s’obtenir de deux façons :

  • en augmentant le niveau de stress par des conduites à risque ou des violences
  • en ajoutant des drogues dissociantes : alcool, drogues, certains médicaments…

Les complications du psychotraumatisme

La consommation répétée de drogues peut déclencher une addiction à l’une ou l’autre de ces substances.

L’état de souffrance d’une personne qui présente un psychotraumatisme est parfois telle que cette souffrance devient intolérable à vivre et provoque un état dépressif parfois sévère. Cette dépression se manifeste par des signes de tristesse, une diminution de l’intérêt et du plaisir, un état de fatigue et un ralentissement global psychique et moteur.

A la dépression s’ajoutent souvent des sentiments négatifs de honte, de culpabilité ou de dévalorisation qui viennent nourrir le mal-être de la personne traumatisée.

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