Parcours thérapeutique

Le médecin généraliste, pivot de la prise en charge

Tout au long de son parcours de soin, le patient est suivi par un médecin généraliste formé spécifiquement à la prise en charge du psychotraumatisme.

Le médecin généraliste présente l’avantage de ne pas être un « psy » pour des personnes chez qui cela est parfois mal connoté (« pour les fous ») et permet d’allier prises en charge psychologique et somatique. Les études révèlent effectivement que l’impact physique des traumatismes psychologiques n’est pas à négliger (douleurs diffuses, impact cardiovasculaire, troubles digestifs…)

En outre, la prescription d’un traitement médicamenteux offrant une efficacité assez immédiate, notamment pour les troubles du sommeil, permet de renforcer l’alliance thérapeutique.

La consultation médicale permet également de dépister des maladies organiques dont les symptômes peuvent à tort être considérés comme d’origine uniquement psychologique.

Une fois le patient soulagé – il faudra parfois attendre plusieurs semaines voire plusieurs mois -, il sera alors possible de commencer un travail psychothérapeutique, avec ce même médecin généraliste ou avec un psychologue.

L’accompagnement psychothérapeutique

La psychothérapie vise à établir un espace de sécurité et de confiance pour le patient. Cet espace permet de briser le silence, imposé pour beaucoup par les expériences très isolantes auxquelles ils ont été confrontés, telles que le parcours migratoire, la détention, la torture, les violence sexuelles. La relation au psychothérapeute permet de restaurer un lien humain ayant souvent été profondément blessé, et de faciliter aux patients la réintégration des patients dans leur vie familiale et sociale, dans la mesure du possible.

Une fois le patient soulagé par le médecin généraliste, un travail psychothérapeutique va pouvoir commencer. Il s’agira d’abord de travailler sur le rétablissement du sentiment de sécurité et de contrôle de soi, grâce à des techniques d’ancrage et de stabilisation psychocorporelle. Pour que le patient puisse accéder à un sentiment de sécurité dans l’ici et maintenant, il est important de lui faire prendre conscience de ses ressentis personnels. En effet, l’esprit est ailleurs mais le corps est présent.

Nous allons proposer au patient des exercices de stabilisation corporelle comme des techniques musculaires et respiratoires, des exercices d’ancrage et d’orientation.

Pendant ce travail de stabilisation, le patient va également apprendre à gérer ses émotions, à travailler sur ses pensées et ses comportements.

Des thérapies centrées sur le traumatisme vont pouvoir être mises en place dès que le patient sera capable de mobiliser ses propres ressources. Ce travail permettra de déconnecter le souvenir traumatique des émotions, donc de la peur, pour l’intégrer dans la mémoire autobiographique (celle de tous les autres souvenirs).

« C’est dur, c’est très dur, et d’un coup, c’est comme si la peur disparaissait », témoignage d’un patient après une séance d’EMDR.

Plutôt que de revivre en tant qu’acteur le film de son traumatisme, le patient n’en deviendra que spectateur et la vision de ce film ne déclenchera plus les réactions de peur et de stress.

La richesse de nos interventions réside dans la variété des de nos approches thérapeutiques, spécialisées dans la prise en charge du psychotraumatisme chez les personnes migrantes : l’EMDR (désensibilisation et retraitement par les mouvements oculaires), les thérapies cognitivo-comportementales, la thérapie de la reconsolidation, le somatic experiencing, l’hypnose ericksonienne et l’ICV (Intégration du cycle de la vie).

Nous nous adaptons évidemment au contexte de nos patients. Il est très fréquent que nous soyons obligés d’interrompre momentanément ces thérapies à cause d’évènements de vie particulièrement stressants tels que les entretiens de demande d’asile, les rejets administratifs ou la modification des conditions d’hébergement.

Enfin, les thérapeutes vont pouvoir accompagner les patients vers le retour à une vie « normale ». Il est en effet très important de ne pas les confiner dans leur statut de victimes et de les aider à retrouver le contrôle de leur vie. L’accompagnement psychothérapeutique les aide alors à penser et à construire leur avenir, ce qui favorise leur insertion dans la société française.

La prise en charge somatique par l’ostéopathie

Notre prise en charge se veut globale et intégrative, aussi bien sur le plan physique que psychologique car il est indispensable de réconcilier le corps avec l’esprit, surtout lorsque les violences physiques entraînent des traumatismes psychologiques.

La mémoire comporte un versant somato-sensoriel qu’il est indispensable d’intégrer pour traiter les souvenirs traumatiques. Les violences subies, qu’elles soient physiques ou psychologiques se figent dans le corps, provoquant chez les patients des symptômes invalidants qui compromettent leur guérison mentale.

Ainsi, à cause de blessures physiques antérieures (violences, tortures) et d’un état de tension extrême et généralisé, les troubles musculosquelettiques sont très présents chez les migrants souffrant de psychotraumatisme. L’ostéopathe cherche à libérer ces zones de douleur et de souffrance en se centrant sur le mouvement tissulaire par un traitement ostéopathique dit myofascial.

À la suite des traumatismes subis, les patients que nous recevons à Parcours d’Exil sont souvent dissociés de leur corps. C’est un phénomène de protection qui entraîne une séparation entre le corps et l’esprit. Un des rôles de l’ostéopathe est d’aider le patient à reprendre conscience et possession de son corps afin de le réintégrer progressivement au niveau cérébral.

Dans notre centre de santé, il nous arrive d’associer l’hypnose à l’ostéopathie, un outil important pour la libération d’un blocage somato-émotionnel. Les manipulations ostéopathiques peuvent réveiller des émotions et des douleurs aigues. L’hypnose permet de dissocier les sensations somesthésiques de l’état de conscience du patient, aidant ainsi à la prise en charge ostéopathique.

« Après chaque consultation, je me sens comme vidé, libéré de toutes ces souffrances physiques ».


La yogathérapie

Nous avons donc également mis en place des ateliers de relaxation et de respiration, réalisés grâce à l’intervention d’une yoga-thérapeute. Ces ateliers s’effectuent en petits groupes non mixtes.

Les séances se déroulent comme ceci :

  • Prise de conscience des sensations corporelles, repérage des zones nouées ou douloureuses et travail mental d’acceptation et de détente,
  • Etirements destinés à réduire les tensions liées au stress et donc à procurer de la détente psychique,
  • Exercices de respiration pour apprendre à contrôler ses émotions par le contrôle de sa respiration.

 

L’objectif de ces exercices est d’apporter aux patients des outils qu’ils pourront s’approprier en cas de besoin (situations de stress, problèmes de sommeil…)

Les ateliers d’insertion

Parcours d’Exil propose également aux patients qui le souhaite trois ateliers d’insertion : les ateliers de français, les ateliers d’informatique, les sorties culturelles et les ateliers d’insertion professionnelle.

Ces ateliers ne visent pas l’obtention d’un diplôme mais sont parties intégrantes du soin. Ils permettent de développer la concentration, de retrouver confiance en soi et dans les autres, et de redécouvrir le plaisir d’apprendre.

Ces ateliers participent également à l’appropriation de codes culturels et à l’insertion dans la société française.

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